Manœuvre de Valsalva : tout savoir sur cette technique pour l’oreille

Cette manœuvre était à l’origine utilisée en ORL pour drainer le pus après une ponction du tympan. Aujourd’hui, son principe est d’équilibrer la pression entre l’oreille externe et l’oreille moyenne. En expiant contre les voies respiratoires fermées, on crée une surpression qui « fait sauter » le tympan (sensation de “pop”). Techniquement, il s’agit d’un effort d’expiration puissant avec le nez pincé et la bouche fermée. Cette action ouvre les trompes d’Eustache (canaux reliant la gorge à l’oreille moyenne) et permet ainsi à l’air de circuler librement. L’oreille retrouve alors sa pression normale et une audition claire.

Origine et principe de la technique

La manœuvre de Valsalva doit son nom au savant Antonio Valsalva (1666-1723). À l’époque, il l’a décrite comme un moyen de nettoyer les oreilles en soufflant de l’air dans un conduit auditif. Le principe fondamental reste le même : faire passer de l’air comprimé dans le nasopharynx (l’arrière de la gorge, derrière le nez) afin d’ouvrir les trompes d’Eustache. 

Concrètement, en bouchant le nez et en fermant la bouche, l’expiration génère une pression qui se propage dans la cavité buccale. La pression monte alors dans le nasopharynx jusqu’à atteindre les trompes d’Eustache, ce qui peut provoquer un petit bruit lorsque le tympan se libère et que les pressions s’égalisent. En somme, cette technique repousse doucement l’air vers l’oreille moyenne pour rétablir l’égalité des pressions de part et d’autre du tympan.

À quoi sert-elle concrètement ?

La manœuvre de Valsalva est principalement utilisée pour soulager rapidement une sensation d’oreille bouchée. Par exemple, en plongée sous-marine ou en avion, elle normalise la pression de l’oreille moyenne lors d’une montée/descente rapide. En soufflant doucement tout en bouchant le nez, on égalise la pression acoustique et on diminue la tension sur le tympan. Ceci peut réduire la gêne auditive transitoire et prévenir les barotraumatismes (lésions de l’oreille dues à un changement brutal de pression). Au quotidien, cette technique aide également à déboucher l’oreille en cas de pression asymétrique causée par un rhume ou des allergies, en rétablissant le drainage naturel de l’oreille moyenne. Notez cependant qu’elle n’agit pas sur un bouchon de cire : si la sensation de bouchon provient d’un excès de cérumen, il faut d’abord le faire retirer par irrigation ou par un professionnel de santé.

L’utilisation de la manœuvre de Valsalva s’explique par les situations où les trompes d’Eustache ne s’ouvrent plus correctement. Dans ces cas, elle constitue une solution naturelle pour rééquilibrer la pression auriculaire en douceur. Nous verrons d’abord comment cette technique aide à déboucher naturellement une oreille bouchée en rétablissant l’égalité des pressions, puis nous détaillerons des cas fréquents (vol en avion, plongée sous-marine, rhume) où elle est particulièrement utile pour soulager l’oreille.

Oreille bouchée : une solution naturelle pour équilibrer la pression

La sensation d’oreille bouchée provient fréquemment d’un déséquilibre de pression entre l’oreille moyenne et l’environnement extérieur. Normalement, la trompe d’Eustache s’ouvre pour laisser entrer ou sortir l’air et réguler cette pression. Mais en cas de congestion nasale, de changement rapide d’altitude (avion) ou lors d’une otite, cette trompe peut rester bloquée. La manœuvre de Valsalva intervient alors en comprimant doucement l’air du nez pour forcer l’ouverture de la trompe d’Eustache. Concrètement, en pinçant le nez et en soufflant, l’air pousse vers l’oreille moyenne, provoquant souvent un petit « pop » de rééquilibrage. 

Cette astuce simple agit alors comme un remède naturel pour déboucher l’oreille bouchée et rétablir une audition normale.

Cas fréquents : voyage en avion, plongée, rhume

Certains contextes sollicitent particulièrement la trompe d’Eustache. La trompe est ainsi mise à l’épreuve lors des voyages en avion (voir notre guide sur le mal aux oreilles en avion). Au décollage, l’altitude augmente et la pression extérieure diminue, dilatant l’air de l’oreille moyenne (sensation de « gonflement »). À l’atterrissage, c’est l’inverse : l’air est comprimé et le tympan est aspiré. La Valsalva permet alors de rééquilibrer rapidement les pressions. De même, la plongée sous-marine ou la congestion liée au rhume peuvent bloquer la trompe d’Eustache. Dans ces cas, pratiquer la Valsalva aide à égaliser la pression et à soulager rapidement l’oreille bouchée.

Pour obtenir des résultats et éviter tout accident, la manœuvre de Valsalva doit être exécutée de manière précise. La bonne exécution comprend plusieurs étapes clés pour veiller à la sécurité de vos oreilles. Nous détaillons ici chaque étape du geste à réaliser et, dans la sous-partie suivante, les précautions à respecter avant de le pratiquer.

Étapes détaillées pour une exécution sécurisée

Pour effectuer la manœuvre de Valsalva en toute sécurité, suivez ces étapes simples :

1. Positionnez-vous confortablement : Asseyez-vous ou tenez-vous droit, et prenez une profonde inspiration par le nez ou la bouche.
2. Bouche fermée, nez pincé : Fermez bien la bouche et pincez doucement la pointe du nez avec vos doigts.
3. Soufflez doucement : Expirez lentement par le nez, comme si vous vouliez vous moucher, mais sans laisser l’air s’échapper. Contrôlez la force : elle doit être modérée.
4. Écoutez le « pop » : Vous devriez ressentir un léger « pop » ou un soulagement dans l’oreille, signe que la trompe d’Eustache s’est ouverte.
5. Relâchez progressivement : Relâchez ensuite la pression en ouvrant le nez et en respirant normalement.

Il est recommandé de répéter l’opération toutes les deux minutes jusqu’à disparition de la gêne, sans exercer de souffle excessif. Ne jamais insister fortement : si la première tentative ne fonctionne pas, attendez quelques instants, respirez calmement et réessayez.

Précautions à prendre avant de la pratiquer

Bien que simple, la manœuvre de Valsalva doit être pratiquée avec certaines précautions. Si vous portez un appareil auditif, retirez-le avant de souffler pour ne pas endommager ses embouts ou modifier involontairement la pression. 

Évitez également de l’utiliser en cas d’infection des voies respiratoires supérieures (otite, sinusite) : dans ces situations, elle pourrait aggraver l’inflammation. De même, ne pratiquez pas le Valsalva si vous ressentez déjà une douleur ou une pression anormale persistante dans l’oreille, car cela peut indiquer un problème sous-jacent.

La manœuvre de Valsalva est généralement sans danger lorsqu’elle est bien maîtrisée, mais certains effets indésirables peuvent survenir en cas de pratique excessive ou mal adaptée. Cette section examine les conséquences possibles d’une Valsalva mal exécutée, ainsi que les situations où il vaut mieux s’abstenir de l’utiliser.

Effets secondaires possibles

Le principal risque vient d’une pression trop forte exercée sur les tympans. Si vous soufflez de manière trop violente, vous risquez d’endommager le tympan, voire de le perforer – ce qui peut entraîner une perte auditive partielle, même si cela reste rare. La manœuvre provoque d’abord une brève augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, suivie parfois d’une chute transitoire (réflexe vagal). En outre, effectuer la Valsalva trop violemment peut provoquer des sensations de vertige ou aggraver des acouphènes existants. La force excessive ou répétée de cette manœuvre peut aussi déplacer le liquide de l’oreille interne et provoquer un vertige ou des troubles de l’équilibre. Il est donc recommandé de limiter l’intensité et la fréquence du Valsalva pour éviter ces effets secondaires.

Situations à éviter ou contre-indications

Il est conseillé de ne pas pratiquer la manœuvre de Valsalva dans certaines conditions. Elle est formellement contre-indiquée si vous avez un tympan déjà perforé, une forte congestion nasale ou une infection ORL aiguë (otite, sinusite). De même, toute douleur intense ou sensation de déchirure lors de la tentative indique qu’il faut cesser immédiatement.

Les personnes souffrant d’hypertension non contrôlée, de maladies cardiovasculaires sévères ou de glaucome doivent aborder cette technique avec précaution et, idéalement, après avis médical. En effet, l’augmentation soudaine de la pression thoracique peut être mal tolérée dans ces cas. Enfin, ne forcez jamais la manœuvre à l’excès : si l’oreille reste bouchée malgré plusieurs tentatives bien exécutées, il est préférable de consulter un spécialiste plutôt que de répéter un effort risqué.

Lorsque la manœuvre de Valsalva est inefficace ou difficile à réaliser, d’autres méthodes existent pour aider à déboucher l’oreille et équilibrer la pression de façon plus douce. Les sous-parties suivantes présentent ces techniques alternatives et leur mode d’action, afin que vous puissiez choisir celle qui convient le mieux à votre situation.

Manœuvre de Toynbee, de Frenzel, et autres techniques

Plusieurs gestes alternatifs peuvent remplacer ou compléter la Valsalva. La manœuvre de Toynbee consiste à pincer le nez comme pour la Valsalva, puis à avaler ou à mâcher. L’action de la déglutition crée une succion dans la gorge qui aide à ouvrir la trompe d’Eustache sans souffler. De même, la manœuvre de Frenzel se réalise en fermant la bouche et en pinçant le nez, puis en effectuant une contraction des muscles de la gorge (par exemple en appuyant la langue contre le palais). Ces contractions augmentent progressivement la pression dans le nasopharynx, ouvrant ainsi les trompes d’Eustache sans nécessiter d’expiration.

D’autres techniques plus douces sont également efficaces : bâiller volontairement, mâcher du chewing-gum, avaler sa salive ou boire de petites gorgées d’eau favorisent tous l’ouverture naturelle de la trompe d’Eustache. Au final, ces méthodes alternatives poursuivent le même objectif que la Valsalva : équilibrer la pression dans l’oreille moyenne pour soulager l’inconfort.

Quand consulter un ORL en cas d’inefficacité

Si, après plusieurs tentatives bien exécutées de Valsalva (ou d’autres manœuvres), l’oreille reste bouchée ou douloureuse, il est conseillé de consulter rapidement un professionnel. Un médecin ORL pourra examiner le conduit et le tympan (otoscope) pour identifier la cause de la gêne (bouchon de cérumen, otite, dysfonction de la trompe d’Eustache, etc). De même, si la manœuvre entraîne des douleurs inhabituelles, des vertiges ou des saignements, n’insistez pas et prenez rendez-vous : seule une évaluation médicale pourra prévenir des complications inutiles.

Porter un appareil auditif ne vous empêche pas de pratiquer la Valsalva, mais il y a quelques précautions à observer. 

Précautions avec une aide auditive

Si vous avez un embout intra-auriculaire (mini-contour ou intra profond), il vaut souvent mieux le retirer avant la manœuvre, car il pourrait obstruer le conduit ou se déloger avec la pression. Avec un contour d’oreille à embout ouvert, vous pouvez généralement laisser l’appareil en place, mais veillez à ce qu’il soit bien ajusté. 

Avant et après la manœuvre, assurez-vous de nettoyer vos appareils et vos oreilles : cela évite d’introduire des bactéries dans un conduit sensible. Par prudence, informez votre audioprothésiste de vos activités (voyage, plongée) pour qu’il vous conseille l’équipement auditif le plus adapté. Dans tous les cas, la manœuvre vise à protéger votre système auditif : l’objectif reste de soulager la pression autour du tympan sans nuire à vos prothèses auditives.

Adapter la technique selon son équipement auditif

Selon le type d’appareil, vous pouvez ajuster la Valsalva. Par exemple, si votre embout scelle complètement le conduit, fermez d’abord légèrement votre cache-nez derrière l’oreille (s’il existe une telle fonction) ou retirez l’embout avant de souffler. Si vous portez un embout coupé laissant passer de l’air, la manœuvre se fait de façon identique à celle d’une oreille nue. L’essentiel est de ne pas laisser la pression d’air s’accumuler uniquement devant l’embout. 

En cas de doute, testez d’abord doucement le geste : au premier claquement entendu, interrompez-vous pour vérifier que tout va bien. Un audioprothésiste pourra vous guider : certains appareils plus anciens sont déconseillés pour la plongée ou l’altitude, tandis que les modèles modernes résistent mieux aux variations de pression.