Surdité professionnelle : causes, symptômes, prévention et prise en charge

Définition : quand le travail abîme l’oreille

La surdité professionnelle désigne une perte auditive permanente provoquée par une exposition prolongée à des niveaux sonores élevés. Les sons rencontrés dans de nombreux environnements de travail (machines, outils motorisés, impacts métalliques…) peuvent dépasser largement les seuils de sécurité.  

Avec le temps, ces expositions répétées endommagent les cellules ciliées de l’oreille interne, cellules essentielles à la transmission du son. Leur destruction est irréversible. 

Surdité professionnelle ou presbyacousie : comment faire la différence ? 

La perte auditive liée au travail peut facilement être confondue avec la presbyacousie, la baisse naturelle de l’audition qui survient avec l’âge. Pourtant, ces deux atteintes ne suivent pas les mêmes mécanismes. 

Dans la presbyacousie, la perte est diffuse et s’installe progressivement, touchant surtout les fréquences aiguës avec une courbe souvent régulière. Néanmoins, l’avancée en âge peut cependant aggraver une surdité déjà liée au travail : c’est pourquoi une évaluation précise, associant l’historique professionnel et les résultats audiométriques, reste indispensable. 

Deux grands types de surdités liées au travail 

Toutes les pertes auditives d’origine professionnelle ne se ressemblent pas. On en distingue deux formes : 

• La surdité liée à une exposition chronique au bruit : La plus courante, elle s’installe progressivement. Chaque journée de travail expose l’oreille à des niveaux sonores qui affaiblissent, puis détruisent les cellules sensorielles. Comme le rappellent les données professionnelles, cette forme évolue souvent de façon insidieuse, sans douleur ni signe immédiat perceptible par la personne concernée. 

• La surdité brutale après traumatisme acoustique aigu : Moins fréquente, elle survient après un événement unique et très intense : explosion, détonation, éclatement sous pression… Le traumatisme sonore agresse brutalement le tympan et l’oreille interne. Certaines lésions peuvent être réversibles, mais une destruction cochléaire entraîne un déficit définitif.

Une baisse de performance auditive progressive

La surdité professionnelle s’installe lentement. Dans les premières années d’exposition, le travailleur ne perçoit généralement aucun changement. La dégradation débute en silence : l’oreille se fatigue, puis récupère, jusqu’au moment où les cellules ciliées endommagées ne parviennent plus à assurer leur rôle. 

Peu à peu, certains sons deviennent difficiles à distinguer, en particulier les plus aigus. La personne doit faire répéter, comprend moins bien dans le bruit et ressent davantage d’effort pour suivre une conversation. Cette évolution discrète explique pourquoi le diagnostic reste souvent tardif. 

Symptômes associés : acouphènes et fatigue auditive

Avant que la perte d’audition ne soit clairement perceptible, d’autres signaux peuvent alerter. Les acouphènes (sifflements, bourdonnements, bruits sourds…) font partie des manifestations les plus fréquentes. Ils traduisent la souffrance de l’oreille interne. 

La fatigue auditive est également typique : sensation d’oreilles « pleines », maux de tête, difficultés de concentration.  

Bon à savoir : le bruit excessif diminue la précision, l’attention et la capacité de focalisation, ce qui complique aussi la compréhension des échanges au travail. 

Conséquences au travail et dans la vie sociale

Non traitée, la perte auditive retentit progressivement sur la qualité de vie. Au travail, elle peut entraîner des erreurs, des malentendus, ou compromettre la perception des signaux d’alerte, augmentant le risque d’accidents. 

Dans la vie quotidienne, la communication devient moins fluide. La personne se retire des conversations, participe moins aux échanges familiaux, réduit les interactions sociales. Le document souligne également l’impact psychologique : perte d’estime de soi, isolement, tensions au sein du couple et de la famille.

Les caractéristiques du bruit en cause

Tous les bruits ne présentent pas le même danger pour l’oreille. L’intensité sonore, mesurée en décibels, reste le premier facteur à considérer : plus le niveau est élevé, plus les cellules de l’oreille interne sont exposées à un risque de destruction. 

La durée d’exposition renforce également le risque : un niveau sonore modéré mais continu fatigue l’oreille, tandis qu’un bruit impulsionnel, soudain et imprévisible, peut provoquer des lésions plus sévères. 

Facteurs individuels qui aggravent le risque

Les travailleurs ne sont pas tous égaux face au bruit. L’âge augmente la fragilité des cellules cochléaires : plus l’oreille avance dans le temps, plus elle devient vulnérable, ce qui favorise l’apparition d’une perte auditive plus rapide ou plus sévère. 

Des antécédents personnels (otites répétées, traumatisme auditif, prédisposition familiale) peuvent également accentuer le risque. 

Substances ototoxiques et autres agents nocifs

Le bruit n’est pas le seul ennemi de l’oreille. De nombreuses substances utilisées dans l’industrie aggravent les lésions auditives. Parmi elles : certains solvants, des gaz, des métaux lourds ou encore des pesticides. 

Ces produits ont la particularité d’endommager directement les cellules ciliées ou de les rendre plus vulnérables au bruit. L’exposition combinée à des niveaux sonores élevés accroît donc fortement le risque de surdité professionnelle.

Quels niveaux de bruit sont dangereux au travail ?

L’oreille commence à se fatiguer bien avant la douleur. En milieu professionnel, des seuils précis ont été définis pour protéger les travailleurs. 

• 80 dB(A) : premier seuil d’alerte. Au-delà, l’exposition quotidienne doit être surveillée et des actions de prévention doivent être mises en place. 

• 85 dB(A) : seuil de danger. Une exposition prolongée à ce niveau peut entraîner des lésions auditives irréversibles. 

• 87 dB(A) : valeur limite d’exposition protections auditives incluses. 

• > 90 dB(A) : risque élevé de dégradation rapide de l’audition. 

• > 100 dB(A) : un bruit intense (marteau-piqueur, par exemple) devient dangereux en quelques minutes. 

• 120 dB(A) : seuil de douleur. Le tympan peut être lésé. 

• 140 dB(A) : risque immédiat de traumatisme acoustique aigu (explosion, détonation). 

Plus le bruit est fort, plus la durée d’exposition doit être courte : 

• 80 dB(A) → 8 heures 

• 89 dB(A) → 1 heure 

• 95 dB(A) → 15 minutes 

• 98 dB(A) → 7,5 minutes 

La surdité reconnue comme maladie professionnelle

Lorsqu’une perte auditive est directement liée au travail, elle peut être reconnue comme maladie professionnelle. Cette reconnaissance repose sur plusieurs critères : 

• Un déficit auditif correspondant aux fréquences les plus touchées par le bruit  

• Une exposition avérée à des sources sonores élevées 

• Des signes compatibles avec une atteinte cochléaire d’origine professionnelle

Dès que la compréhension devient difficile dans le bruit, que certains sons semblent moins nets ou que la personne fait répéter plus souvent, il est conseillé de consulter. Ces premiers indices traduisent parfois une atteinte cochléaire déjà installée. 

La présence d’acouphènes ou d’une fatigue auditive en fin de journée doit également conduire à un bilan auditif, car ce sont des signes précoces d’exposition sonore excessive. 

Les salariés travaillant dans des environnements bruyants ont tout intérêt à réaliser un suivi auditif régulier. Ces bilans répétés permettent de détecter une perte auditive à un stade où elle n’est pas encore perceptible. 

Bon à savoir : Une exposition soudaine à un bruit très intense (explosion, détonation, choc métallique violent) peut provoquer une surdité brutale. Dans cette situation, une consultation en urgence est indispensable, car certaines lésions peuvent être partiellement réversibles si elles sont prises en charge rapidement. 

Le dépistage précoce permet de repérer rapidement les premières atteintes auditives grâce à une évaluation complète des capacités de l’oreille. L’audioprothésiste joue ensuite un rôle clé pour proposer les protections les plus adaptées au poste, qu’il s’agisse de bouchons moulés, de casques ou de solutions électroniques, tout en accompagnant le salarié dans les stratégies de communication.  

Lorsque la perte auditive devient gênante, un appareillage précoce limite le handicap et prévient l’isolement. Unisson s’engage à rendre ces solutions accessibles, avec des appareils performants à prix justes et un suivi de proximité pour chaque patient.

En résumé :  

• La surdité professionnelle est une perte auditive irréversible, causée par une exposition prolongée au bruit au travail ; elle progresse lentement, souvent sans douleur, et reste longtemps inaperçue. 

• Ses premiers signes sont discrets : difficulté à comprendre dans le bruit, acouphènes, fatigue auditive et effort croissant pour suivre une conversation, avec des conséquences sur la vie sociale et la sécurité au travail. 

• Le risque dépend de l’intensité, de la durée d’exposition et de facteurs individuels, amplifié par certaines substances ototoxiques ; des seuils réglementaires encadrent l’exposition sonore en milieu professionnel. 

• Un suivi auditif régulier et des protections adaptées sont essentiels, l’audioprothésiste jouant un rôle clé pour prévenir, dépister précocement et accompagner les salariés, notamment grâce à des solutions sur mesure.

Est-ce que la surdité est une maladie professionnelle ? 

Oui. Lorsqu’elle résulte d’une exposition prolongée au bruit sur le lieu de travail, la surdité peut être reconnue comme maladie professionnelle. Cette reconnaissance repose sur l’analyse du déficit auditif et des conditions d’exposition. 

Quel taux d’invalidité pour une surdité ?

Le taux d’incapacité dépend de l’importance de la perte auditive et de son retentissement sur la vie quotidienne et professionnelle. Plus le déficit est élevé, plus le taux d’invalidité est important. Ce taux conditionne l’indemnisation éventuelle versée au titre de la maladie professionnelle. 

Quels métiers sont les plus à risque de surdité professionnelle ?

Les secteurs les plus exposés regroupent la construction, la métallurgie, la transformation des métaux, l’industrie du bois et du papier, l’imprimerie, l’agroalimentaire ou encore la plasturgie. Les postes utilisant des machines bruyantes, des outils pneumatiques ou exposés à des impacts métalliques sont particulièrement concernés. 

Les protections auditives suffisent-elles à éviter la surdité professionnelle ?

Elles sont indispensables lorsque le bruit ne peut être réduit à la source, mais leur efficacité dépend du modèle choisi, de l’ajustement et du port continu. Un casque ou un bouchon mal positionné protège insuffisamment. De plus, les protections individuelles ne compensent pas totalement l’exposition lorsque les niveaux sonores sont très élevés ou prolongés. Une approche globale reste nécessaire : réduction du bruit, aménagements, suivi auditif régulier et information des salariés.