Tabac et audition : quelles conséquences sur la santé auditive ?

L’audition repose sur un mécanisme aussi fin que complexe. Tout commence au niveau du pavillon, cette partie visible de l’oreille qui capte les sons. Les ondes sonores pénètrent dans le conduit auditif jusqu’au tympan, qui se met alors à vibrer. 

Ces vibrations sont ensuite amplifiées par trois osselets : le marteau, l’enclume et l’étrier. Leur rôle est essentiel : ils permettent aux ondes sonores de franchir le passage entre l’air et le liquide contenu dans l’oreille interne. 

L’oreille interne, justement, abrite la cochlée, un petit organe en forme de spirale rempli de liquide. C’est là que se trouvent les cellules ciliées, les véritables capteurs de l’audition. Ces cellules sont capables de transformer les vibrations en signaux électriques. 

Une fois convertis, ces signaux sont transmis au cerveau par le nerf auditif. Le cerveau les interprète pour nous permettre de comprendre une conversation, reconnaître un bruit, apprécier une musique ou réagir à une alerte sonore. 

Tout ce processus dépend de la bonne santé de chaque élément. Une atteinte, même minime, peut déséquilibrer l’ensemble et provoquer une baisse de l’audition. Certaines substances, comme la nicotine ou le monoxyde de carbone, peuvent affecter la circulation sanguine vers l’oreille interne ou endommager directement les cellules ciliées.

Les effets du tabac sur la santé sont bien connus, mais son impact sur l’audition reste souvent sous-estimé. Pourtant, plusieurs études révèlent un lien direct entre consommation de tabac et dégradation de l’ouïe. Ce lien s’observe dès les premières années d’exposition, chez les fumeurs actifs comme chez ceux exposés passivement. 

Le tabac agit sur l’oreille de plusieurs façons. D’abord, il nuit à la circulation sanguine. La nicotine resserre les vaisseaux et réduit l’apport en oxygène vers l’oreille interne. Or, c’est dans cette zone que se trouvent les cellules sensorielles chargées de transmettre les sons au cerveau. Moins bien irriguées, ces cellules s’abîment plus facilement. 

La fumée de cigarette contient également de nombreuses substances toxiques, comme le monoxyde de carbone ou le cyanure d’hydrogène. Ces composés provoquent une inflammation chronique dans l’organisme et peuvent atteindre les tissus fragiles de l’oreille interne. Cette inflammation affaiblit les cellules ciliées, qui perdent leur capacité à transmettre les sons correctement. 

Le tabac agit aussi sur le système nerveux. Certains produits chimiques de la cigarette perturbent la transmission des signaux auditifs entre l’oreille et le cerveau. Résultat : même si l’oreille capte encore les sons, leur interprétation devient plus difficile. 

Enfin, le tabagisme augmente les risques de maladies vasculaires et d’infections ORL, deux facteurs bien connus de perte auditive. Les fumeurs sont aussi plus exposés aux otites chroniques, aux infections de l’oreille moyenne et aux complications comme la perforation du tympan ou la surdité brutale.

Une étude japonaise publiée dans la revue Nicotine & Tobacco Research, a permis de mieux comprendre les liens entre tabac et audition. Selon les résultats de cette étude, les effets néfastes du tabac sur l’ouïe ne sont pas toujours irréversibles. 

Menée auprès de 50 195 adultes âgés de 20 à 64 ans, cette étude a suivi des employés en activité pendant huit années consécutives. Chaque participant bénéficiait d’un examen médical annuel comprenant un test auditif, ce qui a permis d’obtenir des données sur l’évolution de leur audition au fil du temps. 

Pendant la durée de l’étude, 3 532 cas de perte auditive sur les hautes fréquences et 1 575 cas sur les basses fréquences ont été enregistrés. Les chercheurs ont observé que le risque de perte auditive était significativement plus élevé chez les fumeurs. Comparés aux personnes n’ayant jamais fumé, les fumeurs actuels présentaient : 

• Un risque multiplié par 1,6 pour les sons aigus (hautes fréquences) 

• Un risque multiplié par 1,2 pour les sons graves (basses fréquences). 

Le lien entre tabac et audition suit également une logique dose-réponse. Autrement dit, plus la consommation de cigarettes est importante, plus le risque augmente. Voici les résultats en fonction du nombre de cigarettes fumées par jour : 

• De 1 à 10 cigarettes par jour : risque de perte auditive multiplié par 1,4 

• De 11 à 20 cigarettes : risque multiplié par 1,5 

• Plus de 20 cigarettes par jour : risque multiplié par 1,7 

Mais l’aspect le plus encourageant de cette recherche concerne les anciens fumeurs. Chez les participants ayant arrêté de fumer, le risque diminue rapidement. Pour les personnes ayant cessé le tabac depuis moins de cinq ans, le risque de perte auditive baisse déjà de façon significative, approchant celui des non-fumeurs. Plus la durée sans tabac est longue, plus la baisse du risque est nette. 

Ces résultats suggèrent que le tabac ne cause pas forcément de dommages irréversibles à l’oreille interne. En arrêtant de fumer, il est possible de restaurer en partie la bonne vascularisation de l’oreille, de réduire l’inflammation chronique et de limiter la progression de la perte auditive.

Protéger son audition, c’est avant tout adopter les bons gestes au quotidien. Lorsque l’on fume ou que l’on est exposé à la fumée, certains réflexes simples permettent de limiter les dégâts, voire d’inverser une tendance à la dégradation auditive. 

Limiter les expositions sonores

L’audition peut être fragilisée par le tabac, mais aussi par le bruit. L’association des deux augmente les risques de manière significative. Il est donc conseillé de limiter l’exposition à des volumes élevés, que ce soit dans les transports, en milieu professionnel ou lors de l’écoute de musique avec des écouteurs. 

Adopter une hygiène de vie favorable

Une bonne santé auditive passe aussi par une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et un sommeil de qualité. Ces habitudes contribuent à maintenir une bonne circulation sanguine et à préserver les fonctions nerveuses. Réduire la consommation d’alcool, un facteur aggravant reconnu, est également recommandé. 

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Consulter dès les premiers signes

Mieux vaut ne pas attendre une gêne importante pour s’interroger sur son audition. Une impression d’oreille bouchée, des difficultés à suivre une conversation, la nécessité d’augmenter le volume de la télévision… Ces signaux doivent alerter. Un bilan auditif peut alors aider à faire le point.

Un bilan auditif permet de faire le point sur sa capacité à entendre, même en l’absence de gêne manifeste. Contrairement aux idées reçues, il n’est pas réservé aux personnes âgées. Il peut être utile à tout âge, surtout en cas d’exposition régulière à la fumée de tabac, active ou passive. 

Il est recommandé de consulter dès que l’on remarque : 

• Une difficulté à suivre une conversation, notamment en milieu bruyant 

• La sensation que les autres « parlent moins fort qu’avant » 

• Le besoin d’augmenter le volume de la télévision ou de la radio 

• Une gêne auditive dans un ou deux oreilles 

• Des antécédents d’infections ORL ou d’expositions prolongées au bruit 

Chez les fumeurs, ce bilan peut être envisagé de manière préventive, même sans symptôme, pour détecter d’éventuels signes précoces de perte auditive. Plus le dépistage est précoce, plus les solutions proposées sont efficaces et discrètes. 

Unisson accompagne toute personne souhaitant faire un point sur son audition, avec un bilan auditif gratuit, sans engagement, réalisé par un audioprothésiste diplômé d’État. Ce premier échange permet de mieux comprendre son audition, de poser ses questions et, si besoin, d’envisager des solutions adaptées.

En résumé :  

• Le tabac altère l’audition en réduisant la circulation sanguine, en endommageant les cellules ciliées et en perturbant la transmission des signaux sonores entre l’oreille et le cerveau. 

• Les risques de perte auditive augmentent avec la quantité de cigarettes fumées, mais diminuent rapidement après l’arrêt, les anciens fumeurs retrouvant un risque proche des non-fumeurs en quelques années. 

• Le tabac fragilise d’autant plus l’ouïe lorsqu’il est associé au bruit, aux infections ORL ou aux maladies vasculaires ; une hygiène de vie saine réduit significativement ces effets. 

• Un bilan auditif préventif est essentiel, surtout chez les fumeurs ou ex-fumeurs, pour détecter tôt une dégradation et envisager des solutions adaptées pour préserver durablement son audition.

Le seul tabac est‑il le seul facteur de détérioration auditive ?

Non. D’autres facteurs comme le bruit excessif, l’âge, certaines maladies (diabète, hypertension), ou des infections ORL peuvent aussi altérer l’audition. Le tabac s’ajoute comme facteur aggravant et souvent évitable. 

Est-ce qu’un ORL voit qu’on fume ?

Un ORL peut repérer certains signes liés au tabac (inflammation, irritation, mauvaise circulation), mais il ne « voit » pas forcément que vous fumez. Il le saura surtout si vous le mentionnez lors de l’entretien. 

Quelle est la cause d’une audition qui baisse ?

Les causes peuvent être multiples : vieillissement, exposition au bruit, infections, maladies (diabète, hypertension), ou encore tabac, qui altère la circulation et les cellules auditives.